vendredi 21 septembre 2007

Lettre à Geneviève

Pauvre petite fille. C'est la seule chose qui me vient en tête après avoir regardé le reportage à la télévision hier soir. Je ne suis pas déçue de toi. Je suis convaincue que tu as des aptitudes athlétiques exceptionnelles même quand tu carbures à l'eau claire. Performer demande une force mentale extraordinaire, une discipline de fer et une capacité énorme à supporter la douleur. Ces qualités ne peuvent être injectées dans un être humain sous aucune forme de drogue.

Je suis triste parce que tu as eu trop jeune et trop seule à choisir sans vraiment avoir le choix ou les outils pour décider en pleine connaissance de cause. J'ai toujours trouvé que tu avais l'air malheureuse quand tu pédalais. Tu n'avais pas l'air épanouie. Tu voyageais partout à travers le monde, tu étais admirée, tu vivais des expériences extraordinaires mais tes yeux ne brillaient jamais comme l'étoile que tu semblais être. À 16 ans, si la passion n'allume pas une flamme dans nos yeux, c'est que nos yeux ont été éteint par quelque chose de très sombre.

Je suis plus triste encore parce que je suis certaine que plusieurs personnes savaient sans savoir quoi faire pour te sortir du gouffre. Les gens qui t'aiment devaient bien se rendre que quelque chose clochait. Ça n'a pas dû être facile de te voir t'enfoncer en ayant l'impression d'être impuissant.

Il n'y a rien qui excuse le geste. Ce qui est fait est fait. Mais j'ai l'impression que ta vie va connaître un grand virage. J'ai le sentiment que tu as donné le premier coup de pédale vers une paix intérieure dont tu ne soupçonnais même pas l'existence. Je te souhaite d'être finalement heureuse. J'espère que tu arrives encore à pédaler pour le plaisir. J'espère surtout que tu arrives à sourire avec tes yeux.

Bon courage. La côte risque d'être abrupte mais tu as tout ce qu'il faut pour la monter même s'il se peut que tu chutes quelques fois avant d'atteindre ton nouveau sommet.

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